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Saint Paul ou la passion ratée de l'unité

Lecture du 21 octobre 2021
par M. Christian SAINT-PAUL

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  1. Saint Paul de Tarse, un juif converti :

Dieu a besoin des hommes.

Alors il envoie son fils, le Christ à la rencontre des hommes et que tout soit accompli. Et pour la continuité des desseins divins, la fixation, l’extension, la diffusion de son règne sur la terre, le Christ se sert des hommes, et c’est pourquoi, lui, le Docteur et Législateur des âmes, il se continue dans l’Eglise.

Pour cela , il envoie ses Apôtres à « toutes les nations » en leur disant « allez et enseignez ». Mais ils ne seront jamais seuls car le Christ leur promet qu’il sera avec eux d’une invisible présence jusqu’à la fin des siècles. Mais ce sera aux Apôtres de la continuer et d’agir, ce sera à eux d’apprendre aux nations à garder les prescriptions du Maître (Matthieu). Pour cette fondamentale mission, les Apôtres sont assimilés au Christ qui leur dit solennellement (Jean, XV, 21-22) : « Qui vous écoute, m’écoute, et qui vous méprise, me méprise. Or qui me méprise, méprise celui qui m’a envoyé ».

Et Il les investit d’une responsabilité totale : « Tout ce que vous lierez sur la terre, sera lié dans le ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre, sera délié dans le ciel » (rapporté par Mathieu et Jean).

La conclusion de la volonté divine s’impose : le Christ veut une Eglise qui ne doit faire qu’un avec Lui.

Les Apôtres sont chargés de construire cette Eglise. Par Eglise, il faut bien sûr entendre non pas le bâtiment, mais la communauté chrétienne.

Vous connaissez la parole : « … je te dis que tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise et les portes de l’Enfer ne prévaudront point contre elle ». Tel est le texte de l’Evangile selon Saint Matthieu.

Pierre était un compagnon de la première heure du Christ et même s’il l’a renié trois fois, il l’a accompagné lors de toute sa prédiction sur terre.

Paul n’a pas accompagné le Christ de son vivant. On doute même qu’il l’ait jamais rencontré durant sa vie terrestre.

Paul n’a pas fondé l’Eglise. Et pourtant, il est habituel de dire de lui tout simplement « l’Apôtre ».

Ce fut tout bonnement un des premiers chrétiens, fondateur non de l’Eglise mais des Eglises, des communautés qu’il rassemblait et visitait, prêchant ce qu’il appelait « la Bonne Nouvelle » avec une ténacité jamais démentie, une pugnacité hors du commun, une ruse signe d’une intelligence exceptionnelle, et ceci malgré les tempêtes, les brigands et les juges.

Comme tout mouvement naissant, des disparités apparaissent très vite chez les premiers chrétiens. L’histoire de l’Eglise primitive ne peut être racontée comme celle d’une unité : elle est pluralité, diversité, conflits. Comme plus tard, l’histoire de la franc-maçonnerie vouée à la diversité et aux conflits.

Ce qui fait l’intérêt, entre autre, de Paul c’est sa place dans cette diversité. Il est toujours l’homme de l’ailleurs et de l’autrement. C’est le signe d’une personnalité terriblement affirmée.

Il est ailleurs parce que bien que disciple de Gamaliel, il ne se situe pas à l’intérieur du Judaïsme traditionnel, et agit autrement que Pierre, Jacques ou Barnabé. Mais c’est l’apôtre d’une même Eglise. Cette tension fondamentale traverse toute sa vie et son œuvre. Elle explique certainement la force et l’originalité de l’enseignement de cet Apôtre.

Car Paul échappe aux critères communs des autres Apôtres :

D’abord il est citoyen romain. A ce titre il bénéficie d’une priorité reconnue par la Loi. Il    saura l’affirmer et s’en servir. Cela lui évitera le fouet lors d’une de ses premières arrestations.

La citoyenneté romaine était un privilège dans l’Empire. Elle était attribuée parcimonieusement et atteste un homme de famille aisée, reconnue comme telle dans sa ville, Tarse en l’occurrence. Il est donc issu de notables provinciaux attachés à la protection impériale. Tarse était une illustre cité et sa famille juive devait y être installée depuis longtemps pour faire partie des bourgeois de Tarse.

En second lieu, Paul est juif et comme il le dit lui-même « Juif né de juifs » imitant en cela les Grecs qui disaient pour les prêtres « prêtres né de prêtres » ce qui était courant dans les grandes familles sacerdotales païennes.

Paul a donc la double appartenance , celle de « l’ethnos juive » et celle de la «Cité romaine ».

Contrairement aux apparences qui feraient s’opposer les deux structures, les juifs citoyens romains n’étaient pas rares surtout à l’extérieur de la Judée, résultat d’une politique romaine visant à l’assimilation. Les juifs du reste, élément cosmopolite de cohésion contribuaient à cimenter les peuples barbares et rebelles.

Paul est un Pharisien. Il croit aux actions des fidèles qui leur valent une récompense dans l’au-delà. La Loi reste l’unique référence dont l’exercice est protégé par les préceptes et solutions juridiques. Les transgressions étant  inévitables, la fête principale est le jour des Expiations, le Kippour des fautes d’Israël.

Il croit à la nature corporelle de la résurrection.

Paul fidèle à cette tradition pharisienne prêche l’affirmation de la résurrection de la chair en reprenant l’analogie du grain de blé qui pourrit pour mieux renaître (Schibolleth) empruntée à la tradition rabbinique.

L’alliance scellée entre Noë et Dieu lie tous les hommes et les commandements noachiques s’imposent à tous, Gentils compris :

            -1. Ne pas adorer les idoles

            -2. Ne pas blasphémer le nom de Dieu

            -3. Etablir des tribunaux

            -4. Ne pas tuer

            -5. Ne pas commettre d’adultère

            -6. Ne pas voler

            -7. Ne pas manger la chair avec sa vie, c’est-à-dire avec son sang (après le Déluge).

Ce qui distingue Paul des autres Apôtres, c’est qu’il considère que le temps est venu où, « dans le Christ », il n’y a plus « de juifs, ni de grecs ». C’est le temps de la « création nouvelle ». Il remet en question l’ordre du monde qui est renouvelé par la Résurrection de Jésus.

2- Jésus est Parole de Dieu, il est la nouvelle Torah :

Alors que le prosélyte du Judaïsme se renouvelle dans un monde toujours ancien, Paul renouvelle le monde par la Résurrection de Jésus. Dans le monde de Paul, la Loi n’a pas disparu mais elle a été tout simplement renouvelée. Par quoi ? Par la Parole de Jésus qui devient la Loi nouvelle. La Parole perdue est retrouvée mais cette Parole est indissociable de la vie et de la mort du Christ.

Jésus est Parole de Dieu ; Il est la nouvelle Torah.

Mais quelle est l’attitude de Paul par rapport à la vieille Loi ?

Le préjugé commun est de concevoir le judaïsme de Paul sous l’angle chrétien, plus exactement l’angle d’une reconstitution chrétienne. Or, nous savons aujourd’hui (en particulier grâce aux écrits de Qumran, que dans le Judaïsme du 1° siècle , la Loi est indissolublement liée à l’Alliance.

Paul se prononce fermement pour s’extraire des règles de cette Loi lorsqu’elle devient « joug de servitude ».

Il écrit dans son Epître aux Romains (7,6) : « Nous sommes libérés de la Loi pour servir Dieu dans la nouveauté de l’Esprit et non plus dans la vétusté de la lettre ».

Il va même encore plus loin dans sa critique de la Loi ancienne quand il écrit dans l’Epître aux Galates (5,4) : « Vous avez rompu avec le Christ, si vous cherchez à devenir justes par l’observance de la Loi ».

On imagine l’effet produit ! En ce sens Paul est un vrai révolutionnaire, c’est le Che Guevara de la Méditerranée qui n’a pour unique arme que la Parole, dite et surtout écrite.

Mais Paul est trop intelligent pour penser réussir sans le secours de la Loi. Il n’abandonne pas toute valeur à la Loi. Il s’en sert. Il lui confère une nouvelle valeur et écrit aux Romains (3,31) : « La foi enlève-t-elle toute valeur à la Loi ? Bien au contraire, elle la lui rend ».

Il me semble que tout Saint Paul est dans cette contradiction.

Un certain DAVIES a publié à Londres en 1948 « Paul and Rabbinic Judaïsm », dans lequel on lit (page 70 et suiv.) : « L’Apôtre qui se tourna vers les Gentils parce que le salut pouvait être reçu sans la Loi, a lui-même vécu et est mort comme un pharisien ».

Cet auteur anglais a l’énoncé et la clef du dilemme.

Paul est un pharisien converti ! Et converti à Christ.

Ce théologien juif instruit par Gamaliel croit qu’à l’âge messianique tout homme obéira , spontanément, à la Loi.

La venue du Messie n’est pas la disparition de la Loi mais son achèvement, son renouvellement, sa transformation.

Paul est à la fois fidèle à l’Israël nouveau et à l’Israël ancien. Pour Paul la Loi est bien un don spécial de Dieu à Israël, mais, et ce mais est l’essentiel de l’enseignement de Paul, la Loi ne saurait pour autant suffire à racheter le pêcheur. Il écrit aux Romains (3,20) : « Du fait qu’il observe la Loi, aucun homme ne sera rendu juste aux yeux de Dieu, la Loi ne faisant que donner la conscience du péché ».

Il faut renouveler l’Alliance. Mais il ne renie pas le Judaïsme, il s’affirme toujours juif et chrétien. De plus, cette fidélité au pharisaïsme conférait à Paul une autorité certaine, dont il se servait à la fois dans les Eglises judéo-chrétiennes et dans le Judaïsme où il bénéficiait du prestige d’ancien disciple de Gamaliel.

Car l’Apôtre du Christ fut d’abord celui du Sanhidrin qui l’envoya de Jérusalem à Damas mener la lutte anti-chrétienne.

C’est sur la route de Damas que Paul fait l’expérience d’une rencontre mystérieuse et bouleversante. Cet événement qui va être capital pour le Christianisme, demeure mystérieux.

Il s’agit plus d’une Révélation que d’une vision ou d’une apparition. Une lumière venue du ciel l’enveloppe de sa clarté et une voix l’interpelle en langue hébraïque. Nulle part Paul ne dit avoir vu le Christ. « Saül, Saül pourquoi me persécutes-tu ? ».

Or Paul persécutait non le Christ, mais ses disciples : « C’est moi, Jésus, que tu persécutes ». Le sens que Paul gardera de l’Eglise repose sur cette phrase écrite aux Corinthiens (1-6,17) : « Celui qui s’unit au Seigneur n’est qu’un esprit avec lui ».

Il me semble que cette phrase est la clef de la théologie de Paul.

Il justifie dans son Epître aux Corinthiens (15.9.00) ainsi sa légitimité d’Apôtre : « Je suis le moindre des Apôtres, moi qui ne suis pas digne du titre d’Apôtre puisque j’ai persécuté l’Eglise de Dieu. Mais c’est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis, et sa grâce à mon égard n’a pas été stérile ».

Saint-Paul a été mis à part par le Christ, pour qu’il annonce la Bonne Nouvelle parmi les nations, ce qu’il fait aussitôt dit-il, « sans consulter qui que se soit, sans monter à Jérusalem vers ceux qui étaient Apôtres avant moi » (Galates 1.15.17). Il part pour l’Arabie.

Ce qu’il faut retenir et qui est conforme avec tout son enseignement, c’est qu’il n’y a de légitimité, de commandement que dans celui du Christ. Il ne se soumettra jamais à une quelconque hiérarchie cléricale et demeurera un irréductible « agitateur ».

Luc a développé abondamment, dans les Actes, les voyages de Paul.

Paul est un Evangéliste. Il écrit aux Romains (lettre 1,13,9,22) pour justifier qu’il est empêché d’aller jusqu’à eux : « J’ai assuré l’annonce de l’Evangile en mettant mon point d’honneur à ne le proclamer que là où son nom n’avait pas encore été prononcé afin de ne pas bâtir sur des fondations bâties par d’autres » (15, 19-20).

Il voyage seul ou avec des compagnons dans tout le bassin méditerranéen. Certains historiens définissent quatre grands voyages. D’autres y ajoutent un cinquième et le font succomber en martyr non en 62 mais en 67.

Peut-être pourrons nous débattre de cela, mais l’important est le message de Paul.

Lors de ses périples, en bateau (il fera même naufrage) ou sur route, allant de synagogue en synagogue, il prêche la foi nouvelle et doit presque toujours quitter précipitamment la ville où il réside pour échapper à une arrestation.

Durant ces nombreuses années, Paul assure très souvent sa pitance en travaillant. A Corinthe par exemple il travaille comme ouvrier « fabricant de tentes ». Il est souvent jeté en prison. A Ephèse, sa captivité serait due à des manœuvres de prédicants judaïsant, des « hommes de Pierre » qui menaient une offensive brutale contre Paul, épisode que l’Eglise a ensuite préféré oublier.

Paul a répondu aux appels et aux questions de son époque. Par exemple les mangeurs de viande offerte aux idoles interrogeaient Paul. De même, pour guider les décisions pratiques des communautés chrétiennes qui étaient bien réelles, c’est-à-dire ni utopiques, ni idéales, il répondait en fonction des besoins qui étaient ceux des hommes de son époque, le 1° siècle. Ces réponses n’ont plus aucun sens si l’on fait abstraction des conditions sociales et des structures économiques et mentales de son temps.

Sa misogynie a été souvent mise en avant (« Que dans les assemblées, les femmes se taisent »), de même que sa posture sur le célibat ou sur ses rapports avec le pouvoir.

Il écrit aux Corinthiens (Epître 1. 7.24) : « Ne vous rendez pas esclaves des hommes. Que chacun, frères, demeure devant Dieu dans l’état où l’a trouvé son appel » »

Cet agitateur irréductible n’est pas un agitateur social. Il prend toutefois la précaution d’indiquer à ceux qui l’interrogent sur des solutions particulières : « Je n’ai pas d’ordre particulier du Seigneur ; c’est un avis que je donne, l’avis d’un homme qui, par l’immense bonté du Seigneur, est digne de confiance » (1. Corinthiens 7.25).

Paul n’a aucun mandat pour des préconisations de l’exercice du pouvoir des hommes. Là n’est pas la préoccupation. Son point de vue personnel se résume à dire que chacun doit rester à sa place. Cette position qui sera en définitive adoptée par l’Eglise des siècles plus tard, sera violemment critiquée. Mais l’intention de Paul n’était pas « d’endormir » les masses pour que les puissants aient les mains libres pour les exploiter. « Je voudrais que vous soyez libres de soucis pour que vous vous donniez sans partage au Seigneur » écrit-il aux Corinthiens. Replacée dans le contexte juif de l’époque, la doctrine de Paul est d’une tranquille liberté : c’est l’esprit de chaque acte qui en détermine désormais la valeur.

En outre, il semble que Paul était persuadé que la fin du monde était proche. Alors , aucun intérêt à tout changer et à se préoccuper de soi.

Mais, dans ses Epîtres aux Colossiens et aux Ephésiens, il fait l’éloge du mariage : « C’est là un grand mystère, il s’applique au Christ et à l’Eglise » (Ephésiens 5,32). La sexualité n’est pas écartée mais au contraire légitimée. De même le monde du travail ne lui est pas étranger puisqu’il a lui-même gagné sa vie avec ses mains. Il a fait sien le précepte de Rabbi Gamaliel, son maître, qui disait : « C’est une belle chose que l’étude de la Loi unie à un métier manuel, parce qu’en s’occupant de l’un et de l’autre, on oublie le péché. Toute étude de la Loi qui n’est pas unie à un métier manuel est vaine, elle pousse l’homme au péché » (Pirtré Aboth II, 12).

Qu’en est-il de sa position sur les esclaves ?

Il ne condamne pas l’institution de l’esclavage mais il demande aux maîtres de traiter l’esclave « comme un frère » et mieux encore « comme lui-même ».

Le maître doit voir l’esclave comme un fils de Dieu.

Pour Paul tout se situe dans le Christ.

Les esclaves sont « les affranchis du Seigneur », les hommes libres « les esclaves du Christ seigneur » (1. Corinthiens 7.22).

Pour Paul , « il n’y a plus d’esclaves ni d’hommes libres » (Colossiens3.11). Les différences tombent, la distinction des hommes se fait du dedans, par la conversion.

De la même façon, il semble faire l’éloge inconditionnel des autorités en place dans son Epître aux Romains : « Chacun doit se soumettre à ceux qui gouvernent, car toute autorité vient de Dieu et c’est lui qui donne à chacun son pouvoir . Ainsi, celui qui résiste à l’autorité se rebelle contre l’ordre établi par Dieu, et les rebelles se feront eux-mêmes condamner ».

Mais au verset 8, il écrit :

« Ne devez rien à personne, si ce n’est de vous aimer les uns les autres ».

Quelle contradiction ! Quelle ambiguïté !

En réalité, il ne faut jamais lire Paul dans une interprétation simpliste, unilatérale. Il brouille toujours le jeu.

Chez Paul, il faut toujours revenir à l’essentiel, son unique message. Il l’a écrit aux Colossiens (2-6,7) : « C’est en union avec le Christ tel que vous l’avez reçu, lui, le Seigneur Jésus, que vous devez vous conduire. Soyez édifiés et enracinés en lui ».

« Vous vous trouvez associés à cette plénitude, en lui qui est le chef de toute autorité et de tout pouvoir » (Colossiens 2.10).

Paul ne s’élève jamais contre l’Etat romain, contre ses persécuteurs, contre ces lois qui le maintiennent captif. Il écrit même aux Romains : « Soyez patients au milieu des difficultés (…) et demandez à Dieu le bien de ceux qui vous persécutent » (12-12-14). « Bénissez, ne maudissez pas » (Romains 12-14). « Ne vous faites pas justice à vous-mêmes, laissez agir la colère de Dieu ».

C’est dans ce sens qu’il faut comprendre son exhortation à l’obéissance aux autorités et aux magistrats : Dieu les jugera et ils recevront de lui leur salaire.

L’Epître aux romains résume l’essentiel de la doctrine de Paul : transcendance de Dieu, de qui vient tout don aux hommes ; gratuité absolue du salut, fruit de la toute puissance de Dieu ; place dans l’expérience chrétienne de la grâce de Dieu et du péché de l’homme, de la foi et du baptême du Christ ; enfin et surtout : rôle capital de la mort et de la résurrection de Jésus dans notre sanctification.

C’est cette foi en la résurrection qui éclaire toute la vie de Saint Paul et toute foi chrétienne.

«  Le corps de l’homme est pour le Seigneur, et le Seigneur est pour le corps » écrit-il aux Corinthiens (1-6,13).

Il est tout à fait concevable pour un pharisien du 1° siècle, à l’inverse d’un païen, que la chair puisse être glorifiée, que « le Seigneur est pour le corps ».

Parvenir un jour à la résurrection d’entre les morts.

Paul de Tarse poursuit sa course vers son but : essayer de saisir le Christ Jésus qui déjà, dit-il, « m’a saisi » (Lettre aux Philippins3.11.12).

Paul de Tarse veut devenir semblable au Christ dans sa mort. Il ne se décourage jamais. Devant bien des déboires et des échecs il garde courage et foi comme il l’ écrit aux Corinthiens (2-4, 16,18) : « Si, dans notre personne, l’enveloppe va vers la ruine, le dedans se renouvelle chaque jour (…). Ainsi, nous ne prêtons pas attention à ce qui se voit, mais à ce qui est visible. Le visible passe, l’invisible demeure ». Si le « corps est pour le Seigneur » c’est « pour que sa vie se manifeste elle aussi dans notre corps ».

Le mystère de l’Incarnation, chez Paul, signifie le salut pour tous les hommes, c’est-à-dire l’universalité du péché et de la corruption qui frappe le corps dans la mort.

Le signe de salut donné par le Christ, c’est sa résurrection du séjour des morts. La mort et la résurrection du Christ ont donc transformé le destin de l’homme.

Paul est allé très loin dans l’identification de l’humanité de Jésus avec l’humanité déchue et mutilée bien que Jésus n’ait pas connu le péché puisque sa vie fut « une vie de totale obéissance » (Romains 5.19) alors que les hommes par leur désobéissance sont des pécheurs.

« Je suis concrucifié avec le Christ » écrit-il aux Galates (2.10) ce qui ne veut pas dire en même temps, mais dans le Christ , dans le corps même du Christ souffrant.

L’Union réalisée par l’Eucharistie porte un nom : elle est l’Eglise. « L’Eglise, corps du Christ » dira-t-on après Paul.

Paul a jeté les bases du modèle des chrétiens pour les siècles qui vont suivre. Elles reposent pour l’essentiel en la foi et la résurrection.

Belle espérance s’il en est.

Pour en revenir à mes démons personnels que j’ai du abandonner pour ces longues lectures des Lettres et Epîtres, l’espérance en poésie s’approche aussi de cette résurrection. Elle est seulement plus charnelle.

« La poésie, c’est cette réincarnation, proclame le Poète Henri BOSCO dans un texte publié par Max-Pol FOUCHET dans le N° de mars-avril de 1942 de la revue FONTAINE : Orphée chante et les Ombres accourent. Il marche et les traîne  après soi, des ténèbres à la lumière. Ce sont des foules d’Eurydice. Mais qu’il se garde de tourner la tête par curiosité sacrilège. Les voix, tenter de les éteindre, avant leur réincarnation, leur serait fatal. Les Ombres évoquées s’évanouiraient dans la nuit. »


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